Stéphanie Sagot – Tendresses et tensions
2024 à 2025
Le Parti Poétique accueille en 2024 et 2025 l’artiste Stéphanie Sagot pour le projet de résidence Cartographier Tendresses et tensions.
- Première étape d’une résidence croisée Zone Sensible / Regains
Une Carte de Tendre – Terre Amoureuse de Zone Sensible
En réengageant le lien entre territoires et sentiments, entre terre et tendresse, Stéphanie cherche à documenter le réel et à donner à voir une série de récits amoureux et situés témoignant de l’engagement de personnes cultivant une esthétique du soin portée à l’ensemble du vivant.
Elle reprend un des sens anciens du mot Amour, qui définit une terre fertile vers 1200. En 1805 apparaît l’expression Terre amoureuse en technique agricole pour désigner une terre bien ameublie et rendue fertile ; elle disparaît des dictionnaires en 1928, alors même que l’agriculture intensive prend son essor.
La « Terre amoureuse » est pour l’artiste une manière de situer la création comme une écologie politique évoquant un monde qui se réforme, se fertilise et dont les lieux sont constitués de la matérialisation des sentiments. Parcourir, rencontrer et cartographier est ainsi une invitation à embrasser le monde et à engager une pratique de la relation.
En topographiant Zone Sensible, c’est toute la richesse et la générosité des pratiques engagées et solidaires qu’elle a mis en exergue, un lieu généreux fait d’amour et d’entraides au sein d’une ville marquée par les difficultés sociales et un urbanisme à repenser, au cœur de trafics aérien et automobile intensifs.
La Carte de Tendre – Terre Amoureuse Enoki – Parti Poétique – Zone sensible est également inspirée des travaux menés en 2022-2023 par le collectif Enoki sur place qui ont notamment imaginé, par le biais d’un jeu de société, des pratiques alimentaires renouvelées, dans un monde post-supermarché, faisant appel à une intelligence collective en lien avec le vivant tant sur le plan des alliances inter-espèces que sur celui des solidarités humaines avec notamment l’instauration d’une Sécurité sociale alimentaire.
Plus en savoir sur ce projet, rendez-vous sur le site de l’artiste Stéphanie Sagot.
Photo : Stéphanie Sagot, Carte de Tendre, Terre Amoureuse, Enoki – Parti Poétique – Zone Sensible, Aquarelle sur papier, 115 x 152 cm, 2024
- Deuxième étape d’une résidence croisée Zone Sensible / Regains
Stéphanie va se pencher plus particulièrement sur le nouveau lieu qu’investit le Parti Poétique à Arles : Regains.
Elle va arpenter la Camargue pour en livrer une cartographie des tendresses et tensions qui s’y exercent, des légendes médiévales autour du voyage de Marie-Madeleine par les Saintes-Maries-de-la-Mer aux fragilités des écosystèmes marins et salins en passant par les pratiques et les luttes paysannes. Ce travail rejoint une recherche cartographique qu’elle mène actuellement sur les plateaux du Larzac et les résistances paysannes.
Ce glanage pourrait conduire à la création, dans un second temps, d’une œuvre-action, une pratique transformatrice et agradante peut-être…
Parallèlement, étant issus de la même famille politique, Stéphanie propose au Parti Poétique en la figure d’Olivier Darné de rejoindre son Nouveau Ministère de l’Agriculture pour une résidence ministérielle. Tous deux entament une réflexion sur la création d’un lobby amoureux de la terre.
- Troisième étape: Autel Humus
Sculpture pour agrader la vie des sols et rituels pour s’émerveiller + Aquarelle sur papier, 141 x 200 cm, 2025
Résidence à Zone Sensible, Saint Denis
Inauguration le 20 septembre 2025
Autel Humus est une oeuvre fonctionnelle et contextuelle, une sculpture à la fois outil pour la fertilisation et lieu de recueillement, de connaissance et de médiation sur l’humus et, dans le cas particulier de Zone sensible, sur les plantes mellifères et les abeilles, qui sont si importantes pour ce lieu.
Elle met en récit et en évidence la féconde vie des sols à Zone Sensible, reliant l’activité de permaculture du lieu et de ses habitant.es, humain.es, végétales, fongiques, animales (…) à la boucle de la Vie, dans laquelle Humain.e et Humus partagent la même racine étymologique, qui renvoie à la terre.
Concrètement, elle permet de faire du compost (tirant son nom du latin “composte” mêlé, composé, mis ensemble) et d’accueillir des rituels liés aux temporalités des cultures maraichères, aux savoir-faire paysans ainsi que des pratiques liées au cycle de la vie, tant sur le plan très concret de la permaculture que d’un point de vue plus spirituel, philosophique, historique et poétique.
Il s’agit également de rendre visible le compost, en le magnifiant et en le rendant central dans cette ferme urbaine de Saint Denis. Actuellement, il est mis en retrait. Autel Humus constituera ainsi un second point de compost.
Réalisé en bois, il est agrémenté d’ex-voto en terre cuite qui représentent les plantes mellifères et les abeilles du lieu ainsi que d’autres motifs liés au cycle de la vie, aux quatre éléments, aux points cardinaux, à nos cosmogonies…
Sa forme évoque la lettre grecque Oméga, qui, pour le philosophe, paléontologue et théologien Pierre Teilhard de Chardin constitue le point de convergence naturel de l’humanité et par-là même du Cosmos tout entier, terme de la maturation sociale et spirituelle de la Terre.
Autel Humus vient également se connecter aux travaux du Trésor public réalisés par le Parti Poétique (qui a créé Zone Sensible) autour du miel, et notamment à sa fabrication de cierges à partir de la cire d’abeilles, dont les couleurs révèlent les l’essence des nectars butinés dans leur connexion au soleil.
Un espace est dédié à ces cierges sur l’autel à composter.
Parmi les rituels proposés, la performance Procession Humus sera réalisée le 20 septembre 2025 pour l’inauguration de cette œuvre (Une mise en scène à partir des restes compostables de la préparation du repas).
À propos de l’artiste
Artiste, maîtresse de conférence en art, amoureuse de la terre et de l’océan, fille et petite-fille d’ostréïculteur.ices, le travail de Stéphanie Sagot s’engage dans la tendresse et le soin que nous pouvons porter aux éléments naturels.
Dans cette perspective, elle a fondé et dirigé entre 2004 et 2016 le Centre d’art et de design en contexte. La cuisine portant sur l’alimentation et l’agriculture dans une commune rurale du Tarn-et-Garonne, Nègrepelisse. A l’université, ses cours portent sur les écotopies et les relations art / conscience.
Elle travaille avec Emmanuelle Becquemin dans le duo Becquemin / Sagot pour imaginer une Cosmocène.
Elle a cofondé avec Suzanne Husky le duo Le Nouveau Ministère de l’Agriculture en 2016 et se livre à une critique des politiques agricoles actuelles et rêve à des transformations fécondes.
Courant 2023, Suzanne quitte ses fonctions pour se consacrer au peuple castor et Stéphanie prend en charge le portefeuille ministériel. Elle entreprend de cartographier le Tendre pour reprendre la si belle invitation de Madeleine de Scudéry (1654), féministe avant l’heure qui luttait par la littérature contre les dominations patriarcales déjà en place en souhaitant rétablir des structures de sensibilité.
En créant du lien avec celleux, artistes et paysans, qui s’engagent dans ce que Stéphanie perçoit comme une Ecosensibilité amoureuse dans une pratique topographique onirique (aquarelles, céramiques, conférences performées, cycles de conférence, textes…). Et elle entame actuellement en ce sens un travail sur les Mers amoureuses.
La résidence intègre le programme Transformative Territories, mené en partenariat avec COAL et l’Union Européenne.
PRESSE
“Création artistique et urgence écologique“, in Culture et Recherche n°145, automne-hiver 2023, 160 pages.