TRANSFORMATIVE TERRITORIES: retour sur l’année 2025
Du 06.01.2025 au 31.12.2026
Autel Humus : Cultiver le sol, la communauté et l’imaginaire collectif à Zone Sensible
Une année de résidence de Stéphanie Sagot – Transformative Territories, 2025
En 2025, l’artiste et chercheuse Stéphanie Sagot a mené une résidence d’un an à Zone Sensible, la ferme urbaine et laboratoire artistique porté par Parti Poétique en Seine-Saint-Denis. Son projet, Autel Humus, constitue un chapitre essentiel de son cycle de recherche-création Terres Amoureuses. Pensé à la fois comme instrument écologique et espace rituel collectif, il nourrit la vitalité du sol tout en invitant à la contemplation et au partage.
Inscrite dans le programme européen Transformative Territories (2024–2025), la résidence approfondit l’exploration de Sagot sur les relations interconnectées entre humain et non-humain, au prisme de la transformation écologique et de formes de sensibilités partagées.
Une année rythmée par les saisons : ateliers, rituels et gestes collectifs
Le projet s’est déployé au fil de workshops saisonniers et d’une performance finale, chaque étape étant alignée sur les rythmes du vivant :
- Janvier – Explorations du sol
- Février – Bouturage de saules
- Mai – Rituels de plantation et espèces mellifères
- Septembre – Procession Humus, une cérémonie publique célébrant le compost et les cycles de renouveau
Cette temporalité longue a permis aux participant·es d’observer, de transformer et de prendre soin du site. Jardinier·es, habitant·es et visiteurs ont ainsi participé à l’émergence d’une relation évolutive entre sols, plantes et humains.
E
ffets écologiques et sociaux : de l’attention à la sensibilité collective
Autel Humus a produit des effets immédiats et durables. Les ateliers et rituels publics ont nourri une sensibilité écologique, une attention au vivant du sol et de nouvelles formes d’hospitalité envers les communautés humaines et non-humaines.
À long terme, le compost — traditionnellement invisibilisé — est devenu un agent sacralisé de transformation, reconfigurant les perceptions autour des déchets et du renouveau. Les gestes répétés et ritualisés ont encouragé des pratiques low-impact, des rythmes saisonniers et des actes quotidiens de soin.
Le projet s’inscrit ainsi pleinement dans la mission de Zone Sensible : relier la nature, la culture et la nourriture, tout en stimulant des formes de réparation territoriale fondées sur l’attention, la lenteur et la régénération.
Écologie par la contrainte : une esthétique durable et ingénieuse
Les contraintes budgétaires ont nourri une esthétique écologique fondée sur la sobriété et la récupération. L’Autel Humus a été construit à partir de bois de réemploi, protégé naturellement par brûlage par l’artisan local Jérôme de Vienne.
Des ex-voto en céramique, façonnés par Sagot avec la complicité d’une céramiste à Montpellier, décorent l’ensemble. La structure en forme d’Oméga, inspirée des visions de convergence de Teilhard de Chardin, illustre comment les limitations matérielles peuvent renforcer la cohérence conceptuelle et l’éthique environnementale.
Chaque “offrande” était amenée à l’Autel le jour de la procession dans des petits contenants tissés avec des fauches de plantes, grâce au travail de l’artiste Agnès Prevost.
Une lecture sensible du territoire : comprendre un lieu écotopique
Plutôt que de s’appuyer sur des diagnostics préexistants, Sagot a réalisé une observation située tout au long de sa résidence : analyses du sol, observations sensibles, échanges avec les jardinier·es et habitant·es, participation aux rythmes permaculturels.
Les besoins du territoire — renforcer la vitalité du sol, valoriser le non-humain, nourrir une conscience écologique partagée — ont émergé au fil d’ateliers menés avec des enfants, des aînés, des étudiant·es et des habitant·es.
Les Transformative Artistic Practices à l’œuvre
L’année 2025 a consolidé le rôle de Zone Sensible comme site de Transformative Artistic Practices (TAPs). Plus de 1 400 visiteurs — dont plus de 60 % locaux — ont participé aux ateliers, visites et événements. Au total : 40 activités, 19 contributeurs, 50 bénévoles, 25 journées d’ouverture, et 4 grands événements interdisciplinaires.
Les TAPs font du public un co-producteur de savoir, à travers des explorations sensibles du sol, des plantes, des systèmes alimentaires et des processus écologiques. Des ateliers de jardinage aux dispositifs en matériaux biodégradables, chaque geste reliait création artistique et responsabilité écologique.
Des partenariats clés — Lycée François Rabelais, Université Paris 8, Sciences Po, chefs locaux, associations, le Département de la Seine Saint-Denis — ont amplifié la portée éducative et territoriale du projet.
La recherche-création comme levier de transformation
Autel Humus a opéré comme un dispositif de recherche-création générant du savoir in situ, par co-construction, observation et réflexion partagée. Ses effets se déploient sur trois plans :
Symbolique : Le sol et le compost, généralement relégués en arrière-plan, sont devenus des figures centrales du renouveau et du sens.
Relationnel et organisationnel : La résidence a fait émerger de nouvelles alliances, des formats horizontaux de participation, et des habitudes collectives de soin.
Matériel et écologique: Des micro-sites permaculturels, installations vivantes et objets biodégradables prolongent la transmission de savoirs directement dans le territoire.
Pour Sagot, cette résidence a enrichi l’exploration du continuum humain–humus, approfondissant une démarche ancrée dans le low-impact, la collaboration et le rituel.
Une empreinte vivante à Zone Sensible
À l’issue de la résidence, les traces du projet demeurent. L’Autel Humus continue de fonctionner comme structure de compostage et espace rituel, rejoignant les installations participatives qui composent l’infrastructure écologique du site.
Les réseaux tissés entre écoles, universités, chefs, associations et habitants constituent un socle solide pour de futurs projets, recherches et programmes éducatifs. L’ensemble ouvre également la voie à la transposition ou adaptation de ces méthodes dans d’autres territoires.
2026 : une nouvelle résidence au long cours
Avec le soutien du Département, Zone Sensible accueillera en 2026 une résidence de 10 à 12 mois consacrée à de nouvelles formes d’expérimentation artistique et écologique. Après deux années centrées sur les sols, la nouvelle saison se tourne vers le ciel.
L’artiste Guillaume Pascale développera ART SPACE, un projet participatif reliant terre et atmosphère entre Saint-Denis, Pantin et Arles. À travers dispositifs sonores, données et installations audiovisuelles, il rendra perceptibles les pollutions atmosphériques et cosmiques, offrant des expériences sensibles de phénomènes habituellement invisibles.
Reconnu internationalement, Pascale prolonge la vocation de Zone Sensible à articuler art, écologie et réflexion sociale.
Soutien: Union Européenne – Europe Creative dans le cadre du programme Transformative Territories
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Autel Humus: Cultivating Soil, Community, and Collective Imagination at Zone Sensible
A year-long residency by Stéphanie Sagot – Transformative Territories, 2025
In 2025, artist and researcher Stéphanie Sagot completed a year-long residency at Zone Sensible, the urban farm and artistic laboratory run by Parti Poétique in Seine-Saint-Denis. Her project, Autel Humus, forms a central chapter of her research-creation cycle Terres Amoureuses. Conceived as both an ecological instrument and a collective ritual space, it nurtures soil vitality while inviting contemplation and shared experience.
As part of the European program Transformative Territories (2024–2025), the residency deepened Sagot’s exploration of interconnected relationships between humans and non-humans, illuminated through ecological transformation and shared sensibilities.
A Year Shaped by the Seasons: Workshops, Rituals, and Collective Gestures
The project unfolded through a series of seasonal workshops and a final performance, each step aligned with the rhythms of the living world:
- January – Soil explorations
- February – Willow propagation
- May – Planting rituals and melliferous species
- September – Procession Humus, a public ceremony celebrating compost and cycles of renewal
This long temporal framework allowed participants to observe, transform, and care for the site over time. Gardeners, residents, and visitors took part in the emergence of an evolving relationship between soil, plants, and humans.
Ecological and Social Effects: From Attention to Collective Sensibility
Autel Humus generated both immediate and long-term effects. Workshops and public rituals cultivated ecological awareness, attentiveness to soil life, and new forms of hospitality toward human and non-human communities alike.
Over time, compost—traditionally hidden or overlooked—became a sacralized agent of transformation, reshaping perceptions of waste and renewal. Repeated, ritualized gestures encouraged low-impact practices, seasonal rhythms, and everyday acts of care.
The project thus aligns fully with the mission of Zone Sensible: to weave together nature, culture, and nourishment, while fostering forms of territorial repair rooted in attention, slowness, and regeneration.
Ecology Through Constraint: A Sustainable and Resourceful Aesthetic
Budgetary limitations fostered an ecological aesthetic grounded in frugality and reuse. The Autel Humus was built from reclaimed wood, naturally protected through burning by local craftsman Jérôme de Vienne.
Ceramic ex-votos, shaped by Sagot with the support of a ceramist in Montpellier, adorn the altar. The Omega-shaped structure, inspired by Teilhard de Chardin’s visions of convergence, illustrates how material constraints can reinforce conceptual coherence and environmental ethics.
Each “offering” was carried to the altar on the day of the procession in small containers woven from plant cuttings, crafted through the work of artist Agnès Prevost.
A Sensitive Reading of the Territory: Understanding an Ecotopian Site
Rather than relying on pre-existing assessments, Sagot conducted a situated observation throughout her residency: soil analyses, sensory observations, conversations with gardeners and residents, and immersion in permacultural rhythms.
The needs of the territory—strengthening soil vitality, honoring non-human life, and cultivating shared ecological awareness—emerged through workshops with children, elders, students, and local inhabitants.
Transformative Artistic Practices at Work
The year 2025 reinforced Zone Sensible’s role as a site for Transformative Artistic Practices (TAPs). Over 1,400 visitors—more than 60% local—participated in workshops, visits, and events. In total: 40 activities, 19 contributors, 50 volunteers, 25 open days, and 4 major interdisciplinary events.
TAPs position the public as co-producers of knowledge, engaging in sensory explorations of soil, plants, food systems, and ecological processes. From gardening workshops to biodegradable material experiments, each gesture linked artistic creation to ecological responsibility.
Key partnerships—with Lycée François Rabelais, Université Paris 8, Sciences Po, local chefs, associations, and the Seine-Saint-Denis Department—amplified the project’s educational and territorial reach.
Research-Creation as a Driver of Transformation
Autel Humus operated as a research-creation system that generated knowledge in situ, through co-construction, observation, and shared reflection. Its effects unfolded on three levels:
Symbolic: Soil and compost—usually relegated to the background—became central figures of renewal and meaning.
Relational and Organizational : The residency fostered new alliances, horizontal participation formats, and collective habits of care.
Material and Ecological: Permacultural micro-sites, living installations, and biodegradable objects extend ecological knowledge directly into the territory.
For Sagot, the residency deepened her ongoing exploration of the human–humus continuum, reinforcing a practice rooted in low-impact creation, collaboration, and ritual.
A Living Imprint at Zone Sensible
At the end of the residency, the project’s traces remain. The Autel Humus continues to function as a compost structure and ritual space, joining the participatory installations that shape the site’s ecological infrastructure.
The networks built between schools, universities, chefs, associations, and residents form a strong foundation for future projects, research, and educational programs. They also open pathways for these methods to be transposed or adapted to other territories.
2026: A New Long-Term Residency
With support from the Department, Zone Sensible will host a 10–12-month residency in 2026 dedicated to new forms of artistic and ecological experimentation. After two years centered on soil, the new season turns toward the sky.
Artist Guillaume Pascale will develop ART SPACE, a participatory project linking earth and atmosphere across Saint-Denis, Pantin, and Arles. Through sound devices, data, and audiovisual installations, he will render atmospheric and cosmic pollution perceptible, offering sensory experiences of phenomena usually invisible.
Internationally recognized, Pascale continues Zone Sensible’s mission of interweaving art, ecology, and social reflection.
Support: European Union – Europe Creative for the programm Transformative Territories

